Dr Marie Seminel, interne en ophtalmologie
La cornée constitue la principale lentille de l’œil, responsable des 2/3 du pouvoir optique, notamment grâce à l’épithélium et au film lacrymal. Il s’agit d’un tissu normalement transparent et avasculaire, grâce à la production locale de facteurs anti-angiogéniques.
Les ulcères de cornées, fréquents en pratique quotidienne ophtalmologique, font le plus souvent suite à une agression mécanique (corps étranger…), thermique, chimique, infectieuse, toxique, par des ultraviolets, des rayonnements lasers. Il est impératif de prendre en charge précocement un ulcère de cornée en reconstituant la barrière épithéliale afin de limiter ses complications : infection secondaire, taie (cicatrice) avec baisse d’acuité visuelle définitive par perte de transparence cornéenne, néovascularisation cornéenne, œdème de cornée par dysrégulation des flux liquidiens intra-cornéens, astigmatisme irrégulier, douleurs handicapantes, descemetocèle (hernie de la partie profonde de la cornée) ou perforation cornéenne.
Selon le postulat retenu actuellement, les corticoïdes administrés en collyres retardent la cicatrisation épithéliale, limitent la fibrose et la néovascularisation cicatricielle cornéenne. Certains cliniciens traitent donc de façon empirique les ulcères de cornées par des corticoïdes pour moduler la cicatrisation, préserver la transparence de la cornée en limitant l’apparition de néovaisseaux et d’œdème. Cette pratique est discutée car certains auteurs ont imputé aux corticoïdes un retard de cicatrisation allant jusqu’à la kératolyse (sorte de fonte de la cornée).
Les glucocorticoïdes (GC) se lient aux récepteurs glucocorticoïdes (GR), les minéralocorticoïdes (MC) et les glucocorticoïdes se lient aux récepteurs minéralocorticoïdes (MR). MR et GR appartiennent à la même famille de récepteurs ; cependant, leur affinité à leurs ligands est différente. Les effets cortico-induits peuvent donc résulter en partie de la fixation des GC aux MR. Les fonctions du MR ne sont pas complètement élucidées au niveau de l’œil et en particulier de la cornée. Il a été montré que l’antagonisme (blocage) du MR a des effets bénéfiques chez les patients atteints de la choriorétinite séreuse centrale, une forme particulière d’œdème rétinien. Une activation excessive du MR dans l’œil pourrait contribuer au développement de l’œdème rétinien en conditions pathologiques en favorisant l’inflammation, le stress oxydant et l’angiogenèse. Il serait bénéfique d’identifier le rôle du MR dans l’œdème cornéen et la néovascularisation et de proposer de nouveaux traitements ciblant le MR. Dans ce projet, l’imagerie in vivo permet d’évaluer la progression de la maladie et les effets thérapeutiques des molécules testées.